Des défauts du Vote de Valeur ont-ils été constatés ?
Une ambiguïté sur la valeur 0 qualifiée de "indifférent" ?
L'écart du nombre de valeurs 0 entre les deux finalistes Hollande (12%) et Bayrou (32%) surprend. Dans cette campagne, Hollande était donné favori depuis des mois alors que Bayrou est toujours resté en position d'outsider. Il est peu fréquent de se déclarer "indifférent" concernant un favori ; la pression médiatique incite les électeurs à se positionner plus explicitement concernant ces candidats mis sur le devant de la scène. Cette position de favori peut expliquer ce "trou" de valeurs "0" dans la courbe de Hollande.
Contrairement aux termes choisis des quatre autres valeurs, le terme "indifférent" inclut une 2ème dimension sémantique : en plus de caractériser la volonté de l'électeur (à mi-chemin entre favorable et défavorable), ce terme ambigu intègre l'absence d'opinion : "ca m'est égal, je ne sais pas". Il est possible que ce soit grâce à ce 2ème sens du mot "indifférent" que des candidats méconnus comme Cheminade ou Poutou obtiennent un peu plus de valeurs 0 que de -1.
Dans nos prochaines expériences, nous pourrions ainsi envisager de proposer une version modifiée du Vote de Valeur :
Le remplacement du terme "indifférent" par "mitigé".
L'ajout d'une option "Sans opinion" signifiant "je n'ai pas d'opinion, je m'en remets à la volonté de mes concitoyens", afin de donner une possibilité explicite de voter "blanc" pour chaque candidat.
L'électeur a-t-il bien perçu l'impact sur le poids de son vote lorsqu'il n'exploite pas toute l'amplitude des valeurs offertes ?
73% des électeurs ont exploité l'amplitude maximale de valeurs en affectant au moins un "-2" et un "+2" à un candidat.
Parmi les 27% restants, l'électeur a-t-il bien conscience d'avoir limité l'impact de son bulletin de vote sur les résultats de l'élection ? Une analyse croisée entre les résultats du questionnaire et ceux des votes nous incite à penser qu'une petite partie de ces 27% n'a pas exploité la valeur "Très favorable" pour des raisons qui tiennent plus à leur tempérament qu'à leurs opinions politiques (phénomène appelé "response style" en sociologie des votes et sondages).
Cette possibilité offerte par le Vote de Valeur d'émettre un message global d'humeur ou d'auto-limitation au détriment du poids de son bulletin dans le choix du vainqueur est bien entendu un atout (notion de vote partiellement blanc), à condition que cette logique soit bien comprise par les électeurs.
L'expérience ne permet pas d'évaluer ce niveau de compréhension, nous réfléchirons pour la prochaine expérience au moyen d'évaluer la compréhension par les électeurs de cette notion de l'impact du vote sur le résultat en fonction de l'amplitude des valeurs.
Cette difficulté pourra aussi être atténuée à terme avec une sensibilisation adaptée à destination des électeurs.
L'expérimentation a mis en évidence certains défauts à corriger, notamment l'ambiguïté du terme "indifférent" associé à la valeur zéro, qui pouvait être interprété ou non comme un vote blanc.